L’appel à projets Tous au Vrac édition 2021 est lancé !
- Le marché du vrac
Camille Chaudron plus connue sous le nom de Girl Go Green se définit comme “une éveilleuse de consciences”. Elle a fait de son compte Instagram un média engagé où elle détourne les codes de notre société pour sensibiliser le maximum de personnes à l‘écologie sur internet. Sa recette pour y parvenir ?
“Donner accès à de l’information sur les enjeux environnementaux et sociaux, aux solutions individuelles et collectives qui s’offrent à nous pour faire face au plus grand défi du 21e siècle, avec un coup d’éclairage sur les acteurs du changement et ce que pourrait être le monde de demain ! Le tout formulé avec beaucoup d’humour (et du cynisme parfois) et beaucoup de pédagogie. “
Camille est à la fois multi-casquette, inspirante et débordante d’énergie. Aujourd’hui ce sont plus de 53 000 personnes qui suivent son parcours et son travail sur Instagram. Elle a accepté de répondre à toutes nos questions dans cette interview :
Camille : Je travaillais dans des grands groupes agroalimentaires en marketing et j’hallucinais de la quantité de packagings que l’on créait. J’avais l’impression que l’on n’allait pas du tout dans le sens de l’histoire. Avec des packs toujours plus complexes (mêlant différents matériaux donc moins bien recyclables), plus petits pour des portions individuelles voire plus technologiques.
Bref je sentais ma dissonance cognitive grandissante et du coup je voulais au moins gagner en cohérence dans ma vie perso donc je me suis intéressée au zéro déchet.
Camille : Je ne pense pas que ce soit un parcours optimiste car cela s’accompagne de prises de consciences traumatisantes sur l’état de notre monde, cela demande de renoncer à ses privilèges et cela demande de faire preuve de sobriété (donc peut être à l’opposé de ce que l’on nous vend comme idéal).
Mais c’est aussi un parcours qui s’accompagne d’une sortie de l’individualisme, d’une prise de conscience de l’importance de la solidarité et de l’entraide, de la valeur des communs. Donc il y a de la joie dans le fait de (re)faire lien. On se reconnecte au reste du vivant, on se reconnaît dans cette grande toile du vivant et il y a beaucoup de beauté là-dedans.
Et puis pour ne pas tomber dans la culpabilité, il suffit de se rappeler que seulement 20% des émissions de GES (Gaz à Effets de Serre) peuvent être diminuées par les individus pour atteindre les accords de Paris, les 80% restants étant la responsabilité des entreprises et de l’Etat. Donc ne nous trompons pas de coupable, même s’il est important de vivre aligné avec ses valeurs dans la mesure que l’on peut (financière, charge mentale etc), on n’en vivra que mieux !
Camille : Cela consiste à rester informé en permanence et à se regrouper avec d’autres personnes qui souhaitent vivre dans un monde plus résilient, durable et solidaire pour faire entendre nos voix. Du coup cela consiste à user de tous les moyens à notre disposition pour lutter (avec, contre, à côté) et cela à toutes les échelles (individuelle et collective), de manière légale et parfois illégale, en engageant parfois sa personne physique et morale.
Au quotidien je vais aux manifestations, je fais savoir mon désaccord auprès de mes élu.e.s, je m’engage dans les instances citoyennes locales, je m’extrais du système capitaliste oppresseur autant que je peux, j’essaie d’inventer avec d’autres personnes d’autres manières de vivre et de faire société, je fais de la désobéissance civile.
Camille : Je suis très déçue car malgré tout j’avais espoir dans le fait que cette initiative démocratique inédite qu’était la CCC (Convention Citoyenne pour le Climat) allait faire bouger les lignes.
Mais non cela a été la confirmation ultime du pouvoir des lobby, de la mauvaise foi du gouvernement et du fait qu’il ne valait mieux rien attendre ni des uns ni de l’autre et s’auto-organiser localement, faire barrage et résister.
Camille : Chacun.e de nous est touché plus ou moins sensible à des formes de communication. Personnellement j’aime privilégier l’humour, le cynisme ou la dérision. Cela permet de créer une rupture, une surprise inattendue et de faire réfléchir tout en distrayant. On passe par le coeur pour toucher le cerveau. Pour moi l’humour est une arme de sensibilisation massive.
J’aime utiliser les codes de notre société actuelle qui sont tellement ancrés et qui fonctionnent pour les détourner et les mettre au service de causes, de solutions ou d’acteurs qui valent vraiment le coup car ils soutiennent une vision du monde dans laquelle je crois.
Je crois que justement on a besoin de mettre du glamour, de la désirabilité autour d’autres formes de consommation, d’autres formes de vivre ensemble, d’autres formes de société et de politique, ou tout simplement d’habitation du monde.
Camille : A part une commande par mois sur le site de courses bio en ligne aurore market, je ne fais mes courses qu’en vrac. C’est devenu une véritable routine, une habitude, je n’y prête plus attention. Pour moi c’est la norme. Ce qui me choque c’est d’entrer dans un supermarché. Ca me donne mal au crâne, c’est agressif et je me sens perdue.
A Paris c’est simple car j’ai des épiceries vrac autour de chez moi que j’adore, je connais bien les commerçants et je leur fais confiance sur leur politique de sourcing (donc en plus ça diminue ma charge morale et mentale). Et même dans les restaurants, quand j’y vais avec mes tupperwares et bentos, ça ne choque plus personne.
Camille : “En commençant à fuir les lieux qui nous rendent dépendants comme les supermarchés. Allez dans les AMAP, les commerçants de quartier, connaissez vos producteurs !”
Renseignez vous sur qu’est-ce qu’il y a derrière le prix que je paie, comment ont poussé mes légumes, d’où viennent-ils ? Comment a vécu l’animal qui finit dans mon assiette ?
Acheter en conscience, en connaissant de pourquoi du comment c’est le 1er pas vers le fait de reprendre en main sa consommation.
Camille : Télécharger les applications antigaspi comme Phenix ou TooGoodtoGo par exemple, faire ses courses avec une liste de courses et des menus prévus à l’avance pour éviter le gaspillage, apprendre à cuisiner les restes (rien n’est moche dans une soupe ou une confiture), penser à toujours avoir un sac à vrac sur soi avec un tote bag et un petit tupper !
Jean Bouteille : Tout à fait et pour ceux qui veulent passer la porte d’un magasin vrac pour la première fois, nous tenons une carte à jour de tous nos points de ventes partenaires. Pour ceux qui préfèrent les commandes en ligne, il existe des sites qui vous guident et vous facilitent la vie comme The Trust Society. Leur équipe teste, sélectionne et regroupe au même endroit les marques françaises les plus engagées pour la planète, selon une charte de sélection exigeante et transparente.
Camille : Quand je me suis lancée dans le zéro déchet, il y avait peu d’acteurs qui développaient cette offre et Jean Bouteille faisait partie des 1ers ! Comme c’est un petit monde et que je suis à l’affût de tout ce qu’il s’y passe j’en ai vite entendu parlé. Puis je vous ai également rencontré sur plusieurs salons !
Surtout quand c’était la galère de trouver des liquides en vrac, j’ai été aux anges quand j’ai trouvé cette solution pour mon huile et vinaigre, puis le vin, puis les liquides ménagers. Je suis cliente depuis le début et je le reste donc j’aime beaucoup vos produits. 🙂 L’huile d’olive est mon incontournable. J’aime bien votre vin même si mon papa, grand amateur de vin, dit qu’il y a là un axe d’amélioration. 😉
Jean Bouteille : Cela tombe bien nous venons justement de lancer au printemps une nouvelle gamme de bons vins bio sans pesticide en vrac avec notre partenaire Oé, acteur engagé du vin et de la consigne ! Ne manquez pas de nous donner votre avis quand vous l’aurez goûté. En tout cas, encore un grand merci pour cet échange Camille !